Actualité de l’aérien août 2018 – Revue de presse et analyses (source cabinet PROGEXA)

www.progexa.fr

Communiqués de presse (en fin de revue de presse) :

·        CGT Air France « Le low-cost, un modèle voué à disparaître »

·        FO Air France – L’Actu « Où, quand et avec qui? »

·        SNPL Air France ALPA « Future gouvernance d’Air France KLM : Le SNPL Air France en appelle à un traitement impartial des candidatures »

 

Au Sommaire :

·        ADP : trois consortiums vont présenter une offre de rachat

·        Air France-KLM : Ben Smith adoubé sauf par les syndicats

·        Air France-KLM confie les rênes à un Canadien, l'intersyndicale sort les dents

·        Combien gagnent les patrons de compagnies aériennes ?

·        Grève des pilotes : KLM emboîte le pas à Air France

·        Royal Air Maroc signe la paix avec les pilotes

·        KLM remplace Air France entre Marseille et Amsterdam

·        easyJet pense à s’installer à Nantes-Atlantique

·        Air France-KLM : les pilotes du SNPL menacent de faire grève à la rentrée, l'action chute

·        Le rapport qui veut la mort des petits aéroports

·        En proie aux grèves, le modèle Ryanair se fissure

·        Annulations Air France : l’intersyndicale en remet une couche

·        Transavia, la petite filiale rentable d’Air France-KLM qui rêve de grandir

·        Ce qui gênait l'Etat pour vendre sa participation dans Air France-KLM à AccorHotels

·        Ryanair en Allemagne : des négociations et une plainte

·        Ryanair et ses pilotes irlandais en médiation

·        Lufthansa Cargo et Brussels Airlines : les ventes débutent

·        Air Europa signe avec Thomas Cook

·        Fin de l'histoire pour Air Cemac

ADP : trois consortiums vont présenter une offre de rachat

Challenges - 17/08/2018

Au moins trois consortiums ont été constitués en vue de présenter une offre pour le rachat de la participation de l'Etat dans ADP, anciennement Aéroports de Paris. La privatisation d'ADP devrait contribuer, avec Engie et Française des Jeux, à financer le Fonds pour l'innovation de rupture, un fonds public de 10 milliards d'euros, créé en début d'année.

Au moins trois consortiums ont été constitués en vue de présenter une offre pour le rachat de la participation de l'Etat dans ADP, anciennement Aéroports de Paris, qui figure parmi les premières opérations de privatisation prévues au cours de l'année 2019, apprend-on de trois sources proches du dossier. La part de 50,6% de l'Etat du capital d'ADP devrait être mise en vente l'an prochain dans le cadre d'une opération qui pourrait atteindre 10 milliards d'euros sur la base de la capitalisation boursière actuelle de l'opérateur aéroportuaire.

La privatisation d'ADP devrait contribuer, avec Engie et Française des Jeux, à financer le Fonds pour l'innovation de rupture, un fonds public de 10 milliards d'euros, créé en début d'année. Trois consortiums se sont constitués, selon des sources proches du dossier, dont l'un est mené par le fonds basé aux Etats-Unis, Global Infrastructure Partners (GIP), l'autre par Vinci et le troisième par le fonds australien IFM.

Appel d'offres

Le groupe coté à Milan Atlantia a aussi envisagé de participer à l'appel d'offres en prenant la tête d'un quatrième consortium. Mais ce projet pourrait être remis en cause par l'effondrement d'un viaduc autoroutier à Gênes qui a fait 38 morts au dernier bilan, selon des banquiers et analystes. Atlantia pourrait manquer de trésorerie si Rome impose des mesures punitives à sa filiale Autostrade, opérateur du viaduc, et sa direction pourrait être trop occupée par les implications de la catastrophe pour s'intéresser à autre chose.

Quant à Vinci, Reuters a rapporté en juin que le groupe français, qui détient 8% du capital d'ADP, a proposé à des fonds de pension de s'associer à une éventuelle offre. Il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat si Vinci avait pu intégrer l'un des fonds contactés dans un consortium. Les sociétés citées ont refusé de commenter ou n'étaient pas disponibles dans l'immédiat pour faire un commentaire.

Selon l'une des sources, au moins une douzaine de consortiums participeront au premier tour de l'appel d'offres, ajoutant que chacun d'entre eux inclurait un spécialiste aéroportuaire ou un fonds ayant déjà des actifs dans le secteur. Des investisseurs spécialisés dans les infrastructures, des fonds de pension canadiens et américains, de grands assureurs européens et des fonds du Moyen-Orient devraient également présenter des offres de rachat, dont certains dans le cadre de consortiums plus larges, précisent les sources.

L'examen à l'Assemblée nationale du projet de loi "Pacte" permettant la privatisation d'ADP doit commencer à la rentrée, en vue d'une adoption à la fin de l'année ou début de 2019. Mais son examen pourrait être décalé en raison des perturbations du calendrier parlementaire consécutives à l'affaire Benalla, a laissé entendre Bruno Le Maire.

 

Air France-KLM : Ben Smith adoubé sauf par les syndicats

Air Journal - 17/08/2018

Le groupe Air France-KLM a nommé Benjamin Smith au poste de Directeur général (CEO), l’évolution de la gouvernance concernant la présidence non exécutive du groupe et d’Air France devant être décidée ultérieurement. Le Canadien a bénéficié du soutien de l’Elysée, mais les syndicats sont déjà vent debout et annonceront le 27 aout leurs prochaines actions.

Travaux d’Hercule, y compris le nettoyage des écuries d’Augias : les analogies ne manqueront pas pour décrire le travail qui attend l’actuel numéro 2 d’Air Canada. Benjamin Smith prendra ses fonctions chez Air France-KLM au plus tard le 30 septembre 2018. Dans l’intervalle, la gouvernance de transition mise en place le 15 mai reste en place : Anne-Marie Couderc, Présidente non exécutive du Conseil d’Air France-KLM et d’Air  France, et le Comité de Direction Collégiale du groupe continuent d’exercer leurs responsabilités. Dès son arrivée, Benjamin Smith prendra la direction générale exécutive du groupe et en déterminera l’organisation. Il sera chargé « en priorité de redynamiser Air France, de donner une profonde impulsion stratégique au Groupe, et de travailler avec les équipes à une nouvelle approche managériale ». Le Conseil d’administration réuni jeudi a décidé que Benjamin Smith sera nommé « dès que possible » administrateur d’Air France-KLM, avec le plein soutien de l’Etat français ; l’évolution de la gouvernance concernant « les missions et les modalités d’exercice de la présidence non exécutive d’Air France-KLM et d’Air France » sera annoncée dans les meilleurs délais, précise le communiqué du groupe.

Le groupe de l’alliance SkyTeam souligne que Ben Smith, actuellement Président Airlines et Directeur des opérations d’Air Canada, est un dirigeant « reconnu du secteur du transport aérien au plan international ». La présidente par intérim d’Air France-KLM Anne-Marie Couderc a déclaré : « L’arrivée de Benjamin Smith est une excellente nouvelle pour le groupe. Benjamin est un leader mondialement reconnu du secteur aérien qui a réussi la transformation d’Air Canada. Homme de dialogue, il a défini et mis en œuvre des accords historiques gagnant-gagnant de long terme avec les partenaires sociaux, au bénéfice des équipes d’Air Canada, et de toutes les parties prenantes. Benjamin Smith apportera sa connaissance profonde du secteur et son énergie pour renouveler le dialogue avec les équipes d’Air France-KLM autour d’une vision partagée, et pour mettre en œuvre une stratégie de conquête intégrant tous les enjeux de la concurrence. Homme de terrain, je sais qu’il s’investira avec succès dans les relations avec les équipes pour accroître le niveau de satisfaction des clients et la valeur des marques du Groupe ».

Le futur Directeur général d’Air France-KLM Benjamin Smith a déclaré : « Je suis plus qu’enthousiaste face à cette nouvelle mission. Air France et KLM sont deux très grandes compagnies aériennes, reconnues dans le monde entier pour le professionnalisme et l’engagement de leurs équipes. Je suis conscient que le Groupe fait face actuellement à des enjeux de compétitivité, mais je suis convaincu que les équipes de toutes les compagnies du Groupe ont tous les atouts pour réussir dans le grand marché mondial du transport aérien. Je suis très confiant dans la capacité du Groupe à devenir dans les prochaines années l’un des premiers acteurs mondiaux du secteur. Je souhaite gagner la confiance et le respect des équipes d’Air France-KLM pour que nous travaillions et réussissions ensemble dans cette industrie fortement compétitive et en évolution très rapide. La satisfaction des clients se joue sur tous les vols, tous les jours. J’aborde ce nouveau défi avec ma passion pour le secteur aérien et avec ma profonde volonté d’écoute de toutes les équipes au service de la mission ambitieuse que m’a fixée le Conseil d’administration. J’ai consacré toute ma vie professionnelle à cette industrie. Je suis convaincu que les équipes du Groupe Air France-KLM sont ses meilleurs atouts pour le futur succès du Groupe. Je crois avoir développé des relations de confiance très solides avec mes collègues d’Air Canada pendant ces vingt dernières années et je suis impatient de rencontrer les équipes d’Air France-KLM en septembre pour m’engager à leurs côtés. Je tiens à remercier le Conseil de me faire confiance pour cette mission ».

Côté réactions positives, le gouvernement français a salué cette nomination qui était soutenue par l’Etat, détenteur de 14% du capital du groupe et de 23% des voix : ce recrutement « marque le choix d’un grand professionnel du transport aérien, dont le parcours témoigne d’une connaissance approfondie du secteur à l’échelle internationale et de grandes qualités managériales, lesquelles ont conduit à la transformation réussie d’Air Canada. C’est une chance pour Air France-KLM d’attirer un dirigeant de cette dimension qui dispose d’une importante expérience acquise au cours des 19 dernières années passées chez Air Canada, d’un sens du dialogue et d’une grande capacité de transformation ». Benjamin Smith « bénéficie de la pleine confiance de l’Etat et des principaux actionnaires d’Air France-KLM pour rétablir le dialogue social et pour mener à bien les grands chantiers de transformation qui permettront au groupe de relever les défis du développement, de la compétitivité et de la concurrence internationale », ajoute le communiqué. Chez KLM Royal Dutch Airlines, le président Pieter Elbers a félicité Ben Smith pour sa nomination et lui souhaite « le meilleur des succès. Suite au départ de Jean-Marc Janaillac en mai, il est bénéfique pour le groupe que nous ayons désormais de la clarté sur le nouveau CEO. Avec une grande confiance, je suis impatient de travailler avec lui et de relever ensemble les défis auxquels le Groupe AFKL devra faire face à l’avenir ». Air Canada a de son côté annoncé que Benjamin Smith quittera son poste le 31 août pour prendre la direction « d’une société aérienne mondiale établie en Europe » : « Nous souhaitons à Ben beaucoup de succès dans ses projets et le félicitons de sa nomination. Au nom de notre Conseil d’administration, de notre équipe de la haute direction et de nos 30.000 employés, je remercie Ben pour son apport considérable dans le cadre des diverses fonctions qu’il a occupées à Air Canada au cours des deux dernières décennies », a affirmé le PDG Calin Rovinescu. « Plusieurs architectes ont contribué à la grande réussite de la transformation d’Air Canada et nous comptons sur une équipe de direction solide et chevronnée, qui continuera de réaliser nos ambitions sur la scène internationale, d’atteindre nos objectifs et de stimuler notre rendement opérationnel de manière durable », a-t-il ajouté.

En France, la réaction de l’intersyndicale responsable de quinze jours de grève au premier semestre avait précédé l’officialisation de l’arrivée de Ben Smith : dans un tract publié hier matin, neuf syndicats (le nom du SPAF n’apparait pas) représentant l’ensemble des corps de métiers d’Air France expliquant qu’il est « inconcevable que la compagnie Air France, française depuis 1933, tombe dans les mains d’un dirigeant étranger dont la candidature serait poussée par un groupe industriel concurrent (Delta Airlines pour ne pas le citer) ». Dans un contexte où « chaque pays cherche à défendre âprement ses intérêts économiques et ceux de ses entreprises, où la présidence Trump montre elle-même avec quelles armes la guerre économique va se mener, le choix d’un candidat doit se porter sur la défense des intérêts de notre compagnie nationale ». L’intersyndicale dit ne pas attendre « une femme ou un homme providentiel, mais un dirigeant responsable ayant une connaissance fine à la fois du modèle social français mais aussi de la position d’AFKLM vis-à-vis de ses concurrents européens. Ce futur dirigeant devra enfin proposer des projets fondés sur la haute qualité de service vantée par nos passagers et sur l’expertise et la motivation des salariés d’Air France ». Et elle prévient qu’après ces « huit mois d’errance sans dialogue puis sans gouvernance », elle reste vigilante et tiendra une réunion le 27 aout « afin de déterminer les actions qu’elle mènera dès la rentrée afin d’obtenir la fin du blocage des salaires qu’elle dénonce depuis des mois ». On remarquera que Ben Smith ne sera pas encore en poste à cette date, et que nul ne sait quand les détails de la nouvelle gouvernance seront révélés en particulier à la tête d’Air France.

Rappelons que les syndicats de pilotes (SNPL, SPAF, Alter), du personnel au sol (CGT, FO, SUD) et d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC, UNSA-PNC, CFTC, SNGAF) réclamaient avant de suspendre leur mouvement une augmentation générale des salaires de 5,1% dès 2018 (plus 4,7% supplémentaires pour les pilotes), avec +3,8% au 1er avril (rattrapage d’inflation 2012-2017) et +1,3% en octobre (inflation prévisionnelle de 2018). Ces revendications auraient été abaissées durant les négociations avant le CCE du 14 juin, à une hausse des grilles de salaires de 4% en 2018 et du montant du niveau de l’inflation en 2019 (hors avancement automatique). En face, Air France avait officiellement revu à la hausse l’augmentation de 1% qui n’avait été signée que par deux syndicats (CFDT et CFE-CGT représentant 31,3% des voix du personnel) : sa proposition d’accord portait sur une augmentation générale de 2% en 2018, assortie d’un seuil minimum de 25 euros par mois, puis une autre augmentation générale de 5% pour 2019, 2020 et 2021 (1,65% par an), assortie d’un seuil minimum de 40 euros par mois. Les salaires seraient selon la direction ainsi augmentés de 12,5% en moyenne sur la période (comprenant une augmentation générale de 7% pour toutes les catégories de personnel et les augmentations individuelles/GVT) ; mais ce « pacte de croissance » prévoyait d’adapter l’augmentation dans le cas où le résultat d’exploitation d’Air France serait inférieur à 200 millions d’euros, et d’appliquer une clause de revoyure en cas d’inflation plus élevée ou de résultat négatif. Le rejet par 55% de l’ensemble du personnel de ces propositions avait entrainé en mai la démission du PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac. Les grèves successives ont coûté environ 350 millions d’euros au groupe.

Benjamin Smith selon AFKLM :

Ben Smith a débuté sa carrière en 1990 chez Air Ontario en parallèle de ses études et a créé, en 1992, sa propre société de voyages pour les entreprises. Il a mené avec succès cette expérience entrepreneuriale pendant 8 ans. En 1999, il a en parallèle pris un rôle de conseil pour Air Canada pour finalement rejoindre le groupe en 2002. Depuis son arrivée, il y a occupé plusieurs postes à responsabilités : successivement Chief Commercial Officer, Directeur de la Planification du Réseau avant d’intégrer en 2007 l’équipe de direction exécutive d’Air Canada. Au cours de sa carrière, il a développé de solides compétences de management, de stratégie, de gestion des relations sociales, de marketing, de gestion financière et opérationnelle.

Ben Smith a été en particulier l’artisan du développement et de la modernisation d’Air Canada. Il a défini et mis en œuvre la stratégie de transformation d’Air Canada au cours des dix dernières années, mis en place le projet d’expansion du réseau du Groupe Air Canada à travers le monde et renouvelé profondément la flotte en termes de nombre d’appareils et d’efficacité énergétique. Dans le cadre de ses responsabilités, il a par ailleurs redéfini la stratégie de hubs d’Air Canada avec trois hubs majeurs en fonction des marchés de la compagnie. Benjamin Smith est également à l’origine d’Air Canada Rouge, la marque low-cost d’Air Canada qui est particulièrement performante au niveau international. Benjamin Smith a été particulièrement engagé dans le dialogue social au sein d’Air Canada. Il a personnellement dirigé avec la Direction des Ressources Humaines les négociations collectives avec les syndicats. Ces négociations ont mené à la conclusion d’accords historiques de long terme gagnant-gagnant pour la compagnie, les salariés et toutes les parties prenantes.

En 2014, il est nommé President Airlines (Air Canada, Rouge, Express, Cargo) et Chief Operating Officer du Groupe Air Canada. Il a assumé la responsabilité générale des affaires commerciales, de l’exploitation, du service à la clientèle pour le Groupe. Il a dirigé également la stratégie et la performance opérationnelle et financière d’Air Canada.

 

Air France-KLM confie les rênes à un Canadien, l'intersyndicale sort les dents

La Tribune - 16/08/2018

Air France-KLM a réuni ce jeudi son conseil d'administration au cours duquel le choix de Benjamin Smith comme prochain directeur général du groupe a été entériné. L'intersyndicale est vent debout.

Près de trois mois quasiment jour pour jour après la démission de Jean-Marc Janaillac du poste de PDG d'Air France à la suite d'un référendum perdu sur sa proposition salariale, le groupe aérien français a enfin un successeur. Selon nos informations, confirmant celles de Libération, un conseil d'administration se tiendra ce jeudi 16 août pour entériner le nom de Benjamin Smith, numéro deux d'Air Canada, au poste, non pas de PDG comme l'était Jean-Marc Janaillac, mais de directeur général d'Air France-KLM. Il devrait également faire partie des conseils d'administration d'Air France et de KLM (ce dernier ayant toujours été fermé aux patrons d'Air France-KLM). Le gouvernement français a annoncé ce jeudi que l'Etat, plus gros actionnaire avec 14,3% du capital d'Air France-KLM, voterait en faveur du Canadien.

"Le conseil d'administration se prononcera ce soir, mais je peux vous dire que le représentant de l'Etat votera en faveur de cette nomination", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire dans une déclaration à Reuters.

Sans citer nommément Benjamin Smith, Bruno Le Maire a  précisé  qu'il "estimait que le comité de nomination a fait un très bon travail, que le profil qui est désormais retenu (...) est un excellent profil, une personnalité qui remplit toutes les conditions que l'Etat actionnaire avait posées dans cette nomination". Anglophone mais maîtrisant la langue française, Benjamin Smith est actuellement directeur de l'exploitation d'Air Canada, où il est entré en 2002, et membre du comité exécutif depuis 2007.

Nommée présidente non exécutive au moment du départ de Jean-Marc Janaillac le 15 mai, Anne-Marie Couderc, par ailleurs présidente du comité de nomination, devrait prolonger l'intérim.

L'intersyndicale vent debout

Évoquée dès le 13 juillet par La Tribune, la piste canadienne a été confirmée par Le Monde le 8 août, au lendemain d'un tweet du président du SNPL d'Air France, Philippe Evain, dévoilant le nom de Benjamin Smith. Ce choix constitue une révolution pour le groupe français. Depuis sa création en 2004, il a toujours été dirigé par un Français. Le choix de Benjamin Smith n'est, en revanche, pas du goût de l'intersyndicale, dont le leadership est tenu par le puissant syndicat des pilotes SNPL, vent debout contre la nomination d'un "candidat étranger dont la candidature serait poussée par un groupe industriel concurrent, Delta", est-il écrit dans un communiqué. Partenaire depuis près de vingt ans d'Air France puis d'Air France-KLM quand le groupe a été créé en 2004, Delta est actionnaire à hauteur de 9% d'Air France-KLM depuis un an.

Selon plusieurs sources en effet, le SNPL défendait la candidature de Thierry Antinori, 56 ans, un Français très connu à Air France pour y avoir fait un passage remarqué entre 1986 et 1997 avant d'être débauché par Lufthansa, où il grimpa tous les échelons pour arriver au conseil d'administration avant de partir en 2010 chez Emirates, où il est aujourd'hui le numéro deux et potentiel futur numéro un. Avant Thierry Antinori, qui n'avait pas demandé un tel soutien, le SNPL poussait la candidature de Pascal de Izaguirre, un ancien d'Air France également, aujourd'hui à la tête du groupe TUI en France et de sa filiale Corsair.

Au début du processus de recrutement, le comité de nomination avait pourtant placé Thierry Antinori en tête de liste avec Fabrice Brégier, l'ancien président d'Airbus Commercial Aircraft (lequel a immédiatement refusé le poste). Mais, après avoir essuyé un tir de barrage fin juin, notamment de Delta, quand il avait fait le choix de Philippe Capron, le directeur financier de Veolia (il a quitté l'entreprise depuis), le comité de nomination, secondé dans ses travaux par Delta et China Eastern (également actionnaire à hauteur de 9% depuis un an), a très vite privilégié la piste de Benjamin Smith. Depuis la première semaine de juillet, le Canadien est devenu la priorité du comité de nomination. Une quinzaine de jours plus tard, Air France-KLM négociait bel et bien sa venue, même si, ces derniers jours, le nom du Français Eric Schulz, le nouveau directeur commercial d'Airbus, a été évoqué.

Une rémunération trois fois plus élevée que celle de Janaillac

Les négociations entre le comité de nomination et Benjamin Smith butaient essentiellement sur les conditions financières. Benjamin Smith, qui demandait notamment la compensation de ses stock-options chez Air Canada, percevra 3,3 millions d'euros par an, une rémunération trois fois plus élevée que celle de Jean-Marc Janaillac, mais qui flirte avec celle des dirigeants des groupes concurrents. Ce montant provoque la grogne de l'intersyndicale, agacée de ne pas avoir vu ses revendications salariales (+6% puis +5% hors avancement automatique) acceptées malgré 15 jours de grève qui ont coûté plus de 350 millions d'euros au groupe.

Le choix de Delta ?

Benjamin Smith a-t-il été imposé par la compagnie américaine, omniprésente dans ce dossier? Après avoir contribué à éliminer la candidature de Philippe Capron, Delta a exigé d'être consulté par le comité de nomination, puis a imposé son modèle de gouvernance avec une dissociation des fonctions de président et de directeur général. "Non, Ben Smith n'est pas poussé par Delta", assure-t-on aujourd'hui. Pourtant, les informations parues le 13 juillet dans La Tribune au sujet de la piste canadienne reposaient sur des sources qui, à ce moment-là, indiquaient le contraire.

Quand bien même Delta a pesé dans ce choix, difficile d'affirmer que Benjamin Smith est un satellite américain, comme l'avance l'intersyndicale. Air Canada n'a en effet aucun lien avec Delta. La compagnie canadienne est membre de l'alliance Star Alliance composée notamment de United et Lufthansa, concurrente de celle d'Air France-KLM et de Delta, Skyteam.

Une réputation de négociateur hors pair

Il ne faut pas non plus exclure que les dirigeants de Delta aient suggéré le nom de Benjamin Smith car ils estimaient qu'il avait tout simplement le bon profil. Benjamin Smith s'est en effet taillé une réputation de négociateur hors pair en parvenant à signer avec les personnels navigants les accords sociaux sur la filiale low-cost Air Canada Rouge en 2015.

"Si vous cherchez quelqu'un pour gérer les pilotes, c'est un bon choix", a estimé une source industrielle à l'agence Reuters, en ajoutant que Benjamin Smith avait personnellement pris en main les pourparlers pour ramener les syndicats d'Air Canada à la table des négociations.

Si ces faits d'armes n'ont pas franchi l'Atlantique, ils sont évidemment connus de tout le monde du transport aérien nord-américain.

Reprise des négociations sur les salaires ?

Le comité de nomination et le gouvernement n'ont donc pas cédé aux pressions du SNPL qui, depuis plusieurs jours, se démène dans la presse pour faire capoter sa nomination. Benjamin Smith va donc arriver en terrain miné. Le SNPL a en effet menacé de relancer des grèves en septembre si les négociations salariales ne reprenaient pas. L'intersyndicale a indiqué qu'elle se prononcerait le 27 août sur les actions à mener.

Pour autant, "le Canadien a-t-il intérêt à suivre le calendrier du SNPL à la veille des élections du syndicat en fin d'année? N'a-t-il pas intérêt à attendre le résultat des urnes, plutôt que négocier un accord qui pourrait être interprété par le SNPL comme une victoire et favorisait la réélection de son bureau ?", s'interroge un observateur.

Depuis les dernières élections fin 2014, le SNPL est dirigé par la branche dure du syndicat. L'absence de reprises des négociations salariales risquerait d'aviver les tensions chez les syndicats, alors que l'actuel directeur général d'Air France, Franck Terner, avait placé comme préalable à la reprise des négociations la mise en place d'une nouvelle gouvernance.

Si la nomination de Benjamin Smith ne résout rien pour l'heure, elle montre néanmoins une volonté du gouvernement français d'ouvrir une nouvelle page de l'histoire d'Air France-KLM et d'Air France en bouleversant sa façon de fonctionner.

Combien gagnent les patrons de compagnies aériennes ?

Les Echos - 16/08/2018

Avec 3,3 millions d'euros annuels de salaire estimé, Benjamin Smith gagnera bien plus que son prédécesseur mais moins que les autres dirigeants de grandes compagnies.

Terrain miné pour Benjamin Smith. Nommé ce jeudi à la tête d'Air France-KLM, le désormais ex-numéro 2 d'Air Canada doit déjà faire face à la fronde des syndicats, qui se sont élevés contre la désignation d'un dirigeant étranger à la tête de l'alliance franco-néerlandaise.

Mais la nationalité du nouveau patron n'est pas le seul point de mécontentement. Pour accepter de prendre les commandes du groupe, embourbé depuis plusieurs mois dans un conflit social sur les salaires de son personnel, Benjamin Smith a négocié très nettement à la hausse ses émoluments annuels.

Un salaire triplé par rapport à celui de son prédécesseur

Dès mi-juillet, le conseil d'administration d'Air France avait décidé d'augmenter l'enveloppe promise à son nouveau dirigeant pour séduire plus de candidats. Selon le «  JDD  », celle-ci avait été réévaluée à 2,5 millions d'euros par an, soit plus du double du salaire de Jean-Marc Janaillac, PDG démissionnaire en mai, qui percevait 1,1 million d'euros annuels, dont 590.000 euros de salaire fixe.

Début août, quand le nom de Benjamin Smith a commencé à filtrer, le Syndicat national des pilotes de ligne d'Air France (SNPL-AF) avait mis en garde contre « l'augmentation du niveau de rémunération » qu'impliquerait le recrutement d'un « patron nord-américain ». Une crainte qui devrait se confirmer : mardi, «  Libération  » annonçait un salaire annuel de 3,3 millions d'euros pour le Canadien de 46 ans.

Devant les low cost, derrière les grandes compagnies

Celui-ci percevrait donc trois fois plus que son prédécesseur. Pour Air France-KLM, ce montant est considérable. Mais, comparé aux autres dirigeants de grandes compagnies aériennes, il placerait Benjamin Smith en queue de peloton.

En Europe, ses 3,3 millions d'euros par an le positionneraient devant les dirigeants des low cost Ryanair et Easyjet, mais loin derrière ceux des géants IAG et Lufthansa. Willie Walsh, directeur général d'IAG - qui regroupe British Airways, Iberia et Aer Lingus - a culminé à 4,5 millions d'euros en 2017. Son homologue allemand, Carsten Spohr, a quant à lui perçu 4,2 millions d'euros.

Sur le plan international, Benjamin Smith se situerait dans les mêmes eaux que les « directeurs » de la compagnie japonaise All Nippon Airways, qui ont chacun touché environ 3,6 millions d'euros en 2016 (462 millions de yens). Mais un gouffre le séparerait des patrons américains.

En 2017, Edward Bastian, directeur général de Delta Airlines, a empoché 11,6 millions d'euros (13,2 millions de dollars). Oscar Munoz, qui dirige United Airlines, a perçu 8,4 millions d'euros la même année, et plus de 16 millions d'euros en 2016. Ces montants considérables s'expliquent essentiellement par l'importance de la rémunération par actions outre-Atlantique, qui fait flamber les revenus déclarés par les compagnies.

Grève des pilotes : KLM emboîte le pas à Air France

La Tribune - 14/08/2018

Les pilotes de la compagnie aérienne néerlandaise KLM menacent à leur tour de faire grève si la direction ne répond pas à leurs demandes d'ici vendredi, écrit le quotidien néerlandais De Telegraaf. Cette annonce suit celle des pilotes d'Air France qui ont agité hier la menace d'une "grève de quinze jours" à la rentrée, si le futur patron de la compagnie aérienne française ne négocie pas les salaires.

Après ceux d'Air France, les pilotes de la compagnie aérienne néerlandaise KLM agitent, eux aussi, une menace de grève si la direction ne répond pas à leurs demandes d'ici à vendredi, a rapporté lundi 13 août le quotidien néerlandais De Telegraaf. Dans une lettre envoyée à KLM - alliée d'Air France -, le syndicat des pilotes de ligne néerlandais (VNV) réclame à la compagnie un allègement de la charge de travail ainsi qu'une augmentation des salaires.

Pour l'heure, aucun préavis n'a encore été déposé par le syndicat des pilotes, selon le quotidien néerlandais.

Les négociations sont "dans une phase difficile"

Les négociations entre KLM et le syndicat se trouvent dans une impasse depuis que les pilotes ont rejeté, au printemps dernier, un projet d'accord proposé par la compagnie aérienne qui devait déboucher sur la conclusion d'une nouvelle convention collective. Ils avaient d'ailleurs déjà à ce moment-là menacé de faire grève. Selon l'agence de presse néerlandaise ANP, le VNV et KLM auraient tous deux mis de nouvelles propositions sur la table la semaine dernière. Mais KLM reconnaît que les négociations sont "dans une phase difficile".

« Ce paquet de mesures qui avait été mis sur la table et qui avait fait l'objet d'un accord de principe, devait aboutir à un allégement et une amélioration des conditions de travail souhaitées par les pilotes », rappelle la direction.

Comme le rapporte nos confrères des Echos, l'accord de principe prévoyait notamment une hausse de salaire de 4% pour les pilotes - contre 5,1% réclamée par les pilotes d'Air France. Mais toujours selon De Telegraaf, le principal point de rupture concernait justement les conditions de travail : les mesures pour réduire la pression au travail sont jugées insuffisantes par le syndicat des pilotes. De plus, ces accords n'entreraient en vigueur qu'en 2019, ce que refuse le VNV.

"Quinze jours de grève" du côté d'Air France, si...

Cette annonce suit celle des pilotes d'Air France qui ont menacé le 12 août de faire grève si le futur patron de la compagnie aérienne française ne négocie pas les salaires. Ce dernier devra reprendre la négociation avortée sur les salaires "ou alors il y aura quinze jours de grève", a prévenu le premier syndicat des pilotes.

Hier, l'action d'Air France-KLM avait perdu 5,27% à 8,478 euros, signant la plus forte baisse de l'indice SBF120 (0,55%).

Sans patron depuis le départ de Jean-Marc Janaillac début mai, Air-France-KLM a décidé de tripler la rémunération de son futur Pdg pour attirer les candidats, au risque de jeter de l'huile sur le feu après l'échec des négociations salariales et les grèves à répétition du printemps. Le Canadien Benjamin Smith est pressenti pour prendre la tête de l'entreprise, une hypothèse qui inquiète le SNPL.

Royal Air Maroc signe la paix avec les pilotes

Air Journal - 15/08/2018

La compagnie aérienne Royal Air Maroc annonce la fin de la grève perlée des pilotes lancée il y a près d’un mois, après avoir trouvé un accord avec leur syndicat.

Aucune annulation de vol n’est annoncée par la compagnie nationale marocaine pour ce 15 juillet 2018, un communiqué assez vague ayant signalé mardi soir la fin du conflit avec l’Association Marocaine des Pilotes de Ligne (AMPL). Les deux parties « se félicitent de la conclusion d’un accord regroupant les points de convergence et réinstaurant le climat de confiance, et expriment leurs sentiments de gratitude et de remerciements aux usagers de Royal Air Maroc pour leur fidélité à la Compagnie Nationale ». La RAM et l’AMPL se disent « conscientes » des enjeux majeurs économiques et sociaux du Pays, et du rôle essentiel du tourisme dans les efforts de développement. Mais aussi de « l’éminent rôle de notre Compagnie Nationale comme acteur majeur de développement du transport aérien et vecteur du rayonnement du Royaume » ; de l’importance du corps professionnel des pilotes de ligne et de « l’impérieuse nécessité de lui maintenir des conditions de travail optimales en rapport avec son environnement professionnel particulier », et enfin de la « contribution déterminante » de ces pilotes à l’essor de la compagnie.

Royal Air Maroc et l’AMPL soulignent par ailleurs leur engagement à « œuvrer ensemble » à l’amélioration de l’expérience client pour les passagers, et mettent en avant « le haut niveau de professionnalisme des pilotes, leur rigueur, et leur sens du devoir » qui sont des « atouts » pour Royal Air Maroc. Ils « contribuent, avec l’ensemble des femmes et des hommes de la compagnie, à servir la vocation de porte-drapeau de la RAM ».

De belles déclarations donc, mais pas le moindre détail sur le contenu de l’accord ; on sait que le syndicat de pilotes avait commencé à parler salaire en février, quand la compagnie évoquait sa stratégie de doubler la flotte d’ici 2020 et avait donné un accord de principe sur une revalorisation. Une première journée de grève avait alors été organisée, mais plus aucune depuis, assure l’AMPL qui avait mis sur la table quatre sujets de revendication : une revalorisation des salaires de 15.000 dirhams sur une période cinq ans, le refus d’une paix sociale de 7 ans demandée par la compagnie, 4 jours de repos mensuels consécutifs, et un traitement égal pour les pilotes de RAM Express. Le syndicat demandait aussi la réouverture d’une école de formation des pilotes, un traitement des pilotes étrangers engagés en CDD plus comparable à celui des Marocains (qui sont moins bien payés) – et le sujet des 48 heures off chaque semaine, que les pilotes appliquaient à la lettre selon le syndicat depuis le 20 juillet, d’où l’apparence de grève – et l’annulation d’environ 200 vols, principalement vers et depuis la France.

KLM remplace Air France entre Marseille et Amsterdam

Air Journal - 15/08/2018

La compagnie arienne KLM Royal Dutch Airlines proposera cet hiver trois vols quotidiens entre Amsterdam et Marseille, en remplacement d’Air France.

Du 28 octobre 2018 au 30 mars 2019 selon Airlineroute, la compagnie nationale néerlandaise proposera trois vols par jour entre sa base à Amsterdam-Schiphol et l’aéroport de Marseille-Provence, opérés en Boeing 737-700 pouvant accueillir 142 passagers. Les départs sont programmés à 9h30, 14h30 et 20h40 (arrivées à 11h35, 16h35 et 22h45), les vols retour quittant le sud de la France à 6h30, 12h20 et 17h20 (arrivées à 8h40, 14h25 et 19h30).

KLM partagera bien sûr ces codes avec Air France (trois rotations quotidiennes en Airbus A319 cet été) sur cette route, face à la concurrence de la low cost easyJet.

La compagnie de l’alliance SkyTeam opère déjà en France vers les aéroports de Bâle-Mulhouse, Bordeaux, Lyon, Montpellier, Nantes (depuis mars, là aussi en remplacement d’Air France), Nice, Paris-CDG et Toulouse.

easyJet pense à s’installer à Nantes-Atlantique

Ouest France - 14/08/2018

La compagnie low-cost britannique s’intéresse à l’aéroport de Nantes pour créer une base régionale permanente, opérationnelle à l’été 2019. easyJet pourrait y positionner trois avions, et une petite centaine de personnels.

La compagnie aérienne easyJet atterrit et décolle déjà de l’aéroport de Nantes, mais sans présence permanente, pour desservir 13 destinations en France et en Europe. Elle semble ambitieuse à Nantes-Atlantique, pour y poser plus durablement ses valises et développer ses vols. Un projet de base régionale est dans les tuyaux. Une source interne, contactée par  Ouest-France, confirme :  « Ce n’est plus un secret en interne, puisque les demandes d’affectations ont déjà circulé. L’installation se ferait, je pense, en mars-avril 2019, avec l’objectif d’être opérationnel pour la saison d’été. » Des recrutements fléchés pour Nantes sont aussi en cours.

Cette même source bien informée évoque le positionnement possible à Nantes de  « 60 à 100 personnels », pilotes, copilotes, stewards et hôtesses, pour  « trois avions » basés en permanence. Contre zéro aujourd’hui. Un autre interlocuteur interne évoque  « des négociations entre la compagnie aérienne et la direction de l’aéroport de Nantes ».  Il faut étudier le marché, les coûts, la rentabilité de la flotte, la stratégie des concurrents…

Premiers venus, premiers servis

L’aéroport Nantes-Atlantique ne confirme rien. Pour l’instant, easyJet n’officialise pas ce projet d’installation, sans l’infirmer pour autant.  « Nous n’avons pas annoncé d’ouverture de nouvelles bases en France. easyJet a récemment lancé un plan de recrutement de 1 200 personnes membres d’équipage en Europe dont 113 en France, afin de soutenir sa croissance et permettre le lancement de nouvelles routes. Nantes est également concernée par cette campagne de recrutement », précise Céline Le Gallic, consultante de l’agence de communication Elan Edelman, au nom d’easyJet.

Pourquoi cet intérêt pour Nantes-Atlantique ? Les incertitudes sur les conséquences du Brexit obligeraient la compagnie britannique à s’implanter à long terme hors Royaume-Uni. Elle a déjà des bases régionales à Toulouse, Nice, Bordeaux, Roissy, Orly et Lyon. Un syndicaliste d’easyJet avance une autre raison, liée à l’abandon de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.  « Nantes-Atlantique va devoir se développer, se réorganiser. Il y a du potentiel, même si nous savons que peu de places seront disponibles. Alors ces places vaudront chères. Donc il ne faut pas tarder à s’installer, sinon la concurrence passera devant. » Premiers venus, premiers servis, autrement dit ! Deux compagnies low-cost, Transavia et Volotea, ont déjà de l’avance.

Air France-KLM : les pilotes du SNPL menacent de faire grève à la rentrée, l'action chute

La Tribune - 13/08/2018

Le président du syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), Philippe Evain, a promis dimanche chez nos confrères du Parisien "quinze jours de grève" si la nouvelle direction d'Air France-KLM refuse de reprendre les négociations sur les salaires à la rentrée. L'action a perdu 5,27% en Bourse ce 13 août. Le Canadien Benjamin Smith est pressenti pour prendre la tête de l'entreprise, une hypothèse qui inquiète le SNPL.

La question des salaires chez Air France-KLM est toujours sur la table. Chez nos confrères du Parisien, Philippe Evain, le président du premier syndicat de pilotes de la compagnie aérienne (SNPL), a menacé la direction d'une nouvelle grève de "quinze jours" à la rentrée si le futur Pdg de l'entreprise décide de ne pas reprendre la négociation (avortée) sur les salaires des pilotes.

Le risque d'une nouvelle crise sociale chez Air France-KLM a pesé (à nouveau) ce 13 août sur le cours de Bourse : dans les premiers échanges, l'action a perdu 5,27% à 8,478 euros, signant la plus forte baisse de l'indice SBF120 (0,55%). Depuis le début de l'année, le cours d'Air France-KLM a chuté d'environ 40%.

"Seul un accord pourra y mettre fin"

Sans patron depuis le départ de Jean-Marc Janaillac début mai, Air-France-KLM a décidé de tripler la rémunération de son futur Pdg pour attirer les candidats, au risque de jeter de l'huile sur le feu après l'échec des négociations salariales et les grèves à répétition du printemps.

"C'est un symbole. Surtout si la nouvelle direction n'entend pas négocier. Mais je n'y crois pas. Ou alors, il y aura quinze jours de grève", a donc affirmé Philippe Evain dans cet entretien au Parisien.

Cet avertissement clair du SNPL fait écho à celui de l'intersyndicale d'Air France, dont les dix organisations ont annoncé fin juillet que "avec ou sans Pdg, dès le mois de septembre (...) le conflit pour les salaires reprendra et seul un accord pourra y mettre fin". Un regain de tension estivale lié aux atermoiements dans la désignation du successeur de Jean-MarcJanaillac. En juin, la nomination de Philippe Capron, énarque et directeur financier de Veolia, a tourné au fiasco après avoir été éventée dans la presse.

Le choix de Benjamin Smith, une "grave erreur"

Comme nous l'avons évoqué la semaine dernière sur La Tribune, le comité de nomination d'Air France-KLM négocierait avec un candidat nord-américain baignant dans l'univers du transport aérien. Il s'agirait, selon les informations du Monde, de Benjamin Smith, le directeur de l'exploitation d'Air Canada, entré dans la compagnie aérienne canadienne en 2002 et membre du comité exécutif depuis 2007.

Sur Twitter, Philippe Evain parle ni plus ni moins d'une "grave erreur".

Par ailleurs, il souligne dans les colonnes du Parisien que "deux ou trois talents, des industriels, qui connaissent le marché européen, sont écartés sans aucune raison objective". Avant d'ajouter :

"Nous pensons qu'il faut un dirigeant connaissant les spécificités du dialogue social français, qui maîtrise les détails du marché aérien européen et les forces en présence, entre les compagnies low-cost et les compagnies historiques."

"Un enjeu de souveraineté"

Paul Farges, représentant des pilotes actionnaires au conseil d'administration d'Air-France-KLM, s'étonne pour sa part, dans une tribune du JDD, du choix d'un candidat canadien, qui reviendrait à "placer Air France sous influence nord-américaine" et serait le signe que Paris "aurait renoncé à sa souveraineté aérienne".

La nomination d'un non-Français à la tête d'Air France-KLM n'est plus un tabou, le groupe s'étant de plus en plus mondialisé après l'entrée à son capital il y a un an de la compagnie américaine Delta Air Lines et de China Eastern, tandis qu'un projet de coentreprise sur l'Atlantique Sud avec Air Europa a été dévoilé le 1er août. Pour rappel, les salariés détiennent 3,9% des actions de la société, loin derrière l'État français (14,3%) et les compagnies Delta Airlines et China Eastern, entrées l'an dernier au capital à hauteur de 8,8% chacune.

"Il est utile de dire ce dont Air France n'a plus besoin : assez de candidats ambassadeurs d'intérêts extérieurs", a-t-il déclaré, ajoutant que "le choix qui sera fait du dirigeant devra tenir compte de l'avis de ses salariés."

Le rapport qui veut la mort des petits aéroports

Libération - 12/08/2018

Le rapport CAP 2022 veut revoir les soutiens financiers attribués à ces plateformes. Quitte à les tuer.

Les touristes sont nombreux, cet été, à visiter la Bretagne, la Provence ou la vallée de la Loire. Mais combien à atterrir à Lannion, Avignon et Angers ? Dans l’ombre des grands hubs, de nombreux «petits aéroports» français affichent un trafic modeste, voire très modeste. Ils sont donc peu ou pas rentables, souligne le rapport CAP 2022 récemment remis au gouvernement. Ses auteurs proposent de «revoir les niveaux actuels de soutien» à ces aéroports. Donc d’envisager la disparition de certains d’entre eux. «Un très grand nombre de petits aéroports ont besoin de subventions d’exploitation pour être pérennes économiquement», expliquent ainsi les membres du «Comité action publique 2022», chargé en octobre 2017 d’imaginer une grande réforme des politiques publiques, censée les rendre plus efficaces et moins coûteuses. Escamoté par le gouvernement, car politiquement trop risqué, le rapport a tout de même été divulgué fin juillet par le syndicat Solidaires.

Taxe.

Ce document, que l’exécutif ne s’est pas engagé à suivre dans son intégralité, propose de «mettre un terme» à toutes les subventions dont l’efficacité n’est pas démontrée. Il préconise notamment d’instituer un audit triennal «sur l’ensemble des coûts pour la collectivité» des petits aéroports. Et recommande surtout de «supprimer la péréquation de la taxe d’aéroport», sauf pour ceux dont «la desserte est nécessaire à l’aménagement du territoire». Ce mécanisme - qui ne pèse pas sur les finances publiques - transfère des gros aéroports vers les petits une partie de cette taxe, acquittée par les compagnies et répercutées sur les passagers. Sa disparition vaudrait «mort immédiate pour les petites structures, dénonce Bertrand Eberhard, délégué général adjoint de l’Union des aéroports français (UAF). Au lieu d’une taxe plafonnée à 14 euros par passager, on pourrait monter à plusieurs dizaines d’euros [pour compenser la péréquation, ndlr]. Autant les fermer de suite, ce serait plus honnête.»

La fin de la péréquation est en revanche souhaitée par le «Board of Airlines Representatives» (BAR) France, qui représente les intérêts de 76 compagnies aériennes, dont 70 étrangères, opérant sur le territoire national. Fruit de l’aménagement du territoire à la française, un maillage dense d’aérodromes quadrille l’Hexagone, la plupart gérés par les collectivités locales depuis 2004. Ils sont 120 à maintenir une activité commerciale. Certains, comme Beauvais, ont misé sur le low-cost. Beaucoup souffrent de la proximité des grands hubs, de la concurrence du rail et de l’autoroute.

Aides.

Selon un récent rapport, en dessous de 200 000 passagers par an, il est impossible d’atteindre l’équilibre budgétaire sans argent public. Mais «un aéroport peu fréquenté peut jouer un grand rôle pour l’économie locale avec l’aviation d’affaires. Et une fois construit, il ne coûte presque rien», note Bertrand Eberhard. Quel sera l’avenir de cette proposition ? Au ministère des Transports, on se borne à rappeler qu’Elisabeth Borne est «très favorable à ne pas abandonner» les aides de l’Etat aux petites lignes.

En proie aux grèves, le modèle Ryanair se fissure

Le Monde - 10/08/2018

La compagnie aérienne à bas coûts essuie, vendredi, la pire grève de son histoire avec des pilotes mobilisés dans cinq pays européens.

Et si Ryanair était en train de devenir une compagnie aérienne comme les autres ? Chamboulant la concurrence depuis trois décennies, au point d’être devenue la première compagnie aérienne d’Europe (130 millions de passagers par an), l’entreprise irlandaise connaît, vendredi 10 août, la plus grande grève de son histoire. L’arrêt de travail concerne les pilotes d’Irlande, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Suède et de Belgique.

Pas de quoi clouer Ryanair au sol. Seuls 400 vols sur 2 400 sont annulés. Mais, depuis des mois, le mouvement social prend de l’ampleur. Il a commencé à l’automne 2017, quand une mauvaise gestion des vacances des pilotes a mis au jour le mécontentement du personnel, forçant la compagnie à annuler plusieurs milliers de vols. En décembre, les pilotes allemands ont été les premiers de l’histoire de la société à faire grève. Ils ont été suivis, en mars, par le personnel de cabine du Portugal.

Début juillet, les pilotes irlandais ont marqué deux jours de débrayage, suivis, fin juillet, par le personnel de cabine en Espagne, au Portugal et en Belgique. « Chaque groupe de grévistes semble donner du courage aux autres », souligne Andrew Lobbenberg, analyste à HSBC.

Du jamais-vu pour la compagnie aérienne irlandaise, dirigée jusqu’à présent avec l’efficacité et la brutalité légendaires de son patron, Michael O’Leary. Jusqu’en décembre 2017, ce dernier refusait de reconnaître le moindre syndicat.

« Ryanair était une compagnie complètement différente des autres, sans syndicat ni grève, estime dans une note M. Lobbenberg. A présent, c’est fini. La boîte de Pandore est ouverte. »

« Ce modèle touche à sa fin »

Les revendications des pilotes se concentrent sur l’étrange fonctionnement interne de l’entreprise : la majorité des pilotes ne travaillent pas directement pour l’entreprise, mais sont des sous-traitants, embauchés par le biais d’agences avec des contrats de droit irlandais ou avec un statut d’autoentrepreneur. « Cela a permis à Ryanair de ne pas payer les charges sociales ou patronales des différents pays où se trouvent les pilotes, accuse Dirk Polloczek, de l’European Cockpit Association, le syndicat de pilotes paneuropéen. Cela a ouvert une course au moins-disant, en utilisant la législation du pays le plus avantageux pour Ryanair. D’ailleurs, l’entreprise menace de relocaliser en Pologne les pilotes irlandais qui font grève. »

La compagnie aérienne à bas coûts est l’une des seules à fonctionner de cette manière. Non seulement ses concurrentes traditionnelles – Air France-KLM, Lufthansa… – emploient leurs pilotes selon le droit local de chaque pays, mais c’est aussi le cas d’easyJet, l’autre grande compagnie à bas coûts. « Cela a donné un énorme avantage concurrentiel à Ryanair, mais ce modèle touche à sa fin », estime M. Polloczek.

« Le personnel n’a aucune confiance dans les dirigeants »

La compagnie aérienne avait pour habitude de répliquer que ces grèves étaient inutiles. Mais en décembre, elle a effectué une volte-face, ouvrant des discussions afin de reconnaître les syndicats, ce qu’elle fait progressivement, pays par pays. De plus, les pilotes ne sont pas à plaindre, affirme la direction : ils gagnent en moyenne 150 000 euros par an, et ils ont quatre jours de récupération après cinq jours de travail. Le personnel de cabine touche aux alentours de 25 000 euros en début de carrière et bénéficie de trois jours de repos pour cinq jours de travail. Les pilotes allemands ont aussi obtenu une augmentation de 20 % de leurs salaires.

Les syndicats rétorquent que ces chiffres ne représentent que des rémunérations brutes. Dans le cas des pilotes, il leur faut cotiser à la retraite, à la sécurité sociale, financer leurs formations…

L’association Vereinigung Cockpit déploie une bannière « Pas d’autorisation d’atterrissage pour le dumping social irlandais », à Francfort-sur-le-Main (Allemagne), le 8 août.

Surtout, les négociations sur le passage à un contrat de droit local, plutôt qu’irlandais, piétinent. « Pour l’instant, Ryanair n’a signé aucune convention collective avec un syndicat », rappelle M. Lobbenberg, de HSBC. « L’entreprise a visiblement du mal à passer d’un modèle où elle donnait des ordres directement, à un modèle de discussion, regrette Bernard Harbor, du syndicat irlandais Forsa. Le personnel n’a aucune confiance dans les dirigeants. »

200 millions de passagers en 2023

Le durcissement des relations sociales à Ryanair est en partie la conséquence logique de la taille de l’entreprise, qui fait désormais travailler 15 000 personnes et ne peut plus agir comme à ses débuts. C’est aussi le résultat du manque de pilotes en Europe. « Le marché a changé et les pilotes ont d’autres opportunités, explique M. Polloczek. Ryanair va devoir changer, sinon il finira par ne plus y avoir assez de pilotes. »

Ces pressions commencent à se faire sentir financièrement. De mars à juin, le bénéfice net de Ryanair a baissé de 20 %, en partie à cause des grèves de son personnel (ainsi que des grèves de contrôleurs en France). De plus, l’un des deux piliers du succès de la compagnie est ébranlé. Elle a bâti sa réputation sur les prix bas, mais aussi sur les vols qui arrivent à l’heure. Ce n’est plus le cas. Au deuxième trimestre, 25 % de ses vols ont connu des retards, contre 11 % l’année précédente à la même période.

Ces fortes turbulences ne remettent pas en cause la solidité de l’entreprise de M. O’Leary. Dans un environnement hautement concurrentiel, Ryanair demeure rentable, avec une marge nette de 15 % au dernier trimestre, et de 20 % l’an dernier. Son bénéfice net en 2017 était de 1,4 milliard d’euros. La société prévoit d’atteindre la barre de 200 millions de passagers en 2023.

« Nous prévoyons pour Ryanair un avenir bénéficiaire », confirme M. Lobbenberg. Mais il prévient : « Son modèle économique ne reviendra plus à ce qu’il était avant l’automne 2017 (…) et le chemin vers un nouvel équilibre demeure distant. » Ryanair est en train de vivre un atterrissage douloureux.

Annulations Air France : l’intersyndicale en remet une couche

Air Journal - 07/08/2018

Dans un tract intitulé « la direction générale à la dérive », l’intersyndicale représentant tous les corps de métier chez la compagnie aérienne Air France revient à la charge sur les vols annulés depuis le début de l’été, imputables selon elle essentiellement aux politiques passées et présentes de la direction générale.

Lors de la présentation des résultats du premier semestre d’Air France-KLM (hausse du chiffre d’affaires de 0,8%, résultat opérationnel restant positif à 228 millions d’euros malgré l’impact de la grève chez Air France estimé à 335 millions d’euros, perte nette réduite de 609 à 159 millions d’euros), le directeur général de la compagnie française Franck Terner avait reconnu un nombre d’annulations de vols supérieur à la moyenne. Il expliquait alors que la moitié de ces annulations était une conséquence des « tensions pilotes », les quinze jours de grève menés depuis février ayant entrainé le report de la « formation du maintien des compétences des pilotes », et rappelait qu’une autre grève, cette fois dans la maintenance, avait également impacté les opérations. Une explication qui n’avait bien sûr pas convaincu les syndicats de pilotes (SNPL, SPAF, Alter), du personnel au sol (CGT, FO, SUD) et d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC, UNSA-PNC, CFTC, SNGAF).

L’intersyndicale a relancé le débat le 6 aout 2018 : « depuis quelques jours, faisant suite aux résultats du premier semestre 2018 d’AFKLM, largement salués par les places financières, M. Franck Terner, actuel Directeur Général d’Air France, se répand dans les médias pour tenter de justifier l’inqualifiable cascade d’annulation des vols cet été́ (240 vols annulés depuis le début de la période estivale en attendant le bilan définitif de la saison !). Son discours totalement indigne d’un dirigeant consiste à faire porter la responsabilité de ses erreurs sur ses salarié(e)s, quand n’importe quel autre manager en aurait depuis longtemps tiré à titre personnel la seule conclusion qui s’impose ».

Et d’ajouter : « cette posture totalement mensongère vient, une fois de plus, souligner l’incompétence d’une direction générale qui ne comprend pas les problématiques d’une compagnie aérienne et qui est incapable d’anticiper ses besoins. Si l’annulation de ces très nombreux vols a des origines multiples, la part la plus importante revient aux conséquences des projets d’entreprise fondés uniquement sur la baisse de tous les coûts, y compris les investissements les plus vitaux pour le fonctionnement opérationnel de l’entreprise, et les purges dans les effectifs que les dernières Directions successives imposent depuis des années ».

« Cette politique à courte vue sans grande imagination ni ambition est responsable des carences répétées dans la formation et le recrutement des personnels, engendrant un sous-effectif de pilotes, mais aussi d’hôtesses et stewards, et de personnels sol notamment sur notre hub de Roissy. Il faut également souligner les difficultés récurrentes de maintenance des avions liées à une sous-traitance d’une qualité plus qu’« approximative », mais pourtant poussée au paroxysme. Ces dysfonctionnements portent la marque d’une politique sociale et industrielle basée sur des préoccupations financières court-termistes et ridicules, où le mépris des salarié(e)s reste un dogme premier ».

« Comment enfin juger autrement que très sévèrement l’inconscience d’un Directeur Général, symptomatique de celle régnant au plus haut niveau de la holding AFKLM, qui déplore les conséquences d’un conflit social qu’il a créé et attisé lui-même. Sans parler de son incapacité à mettre un terme à ce même conflit en bonne intelligence. Cette fuite en avant constante et consternante depuis plusieurs mois de notre Direction Générale, et en particulier de M. Franck Terner, doit cesser au plus vite. Le Conseil d’Administration d’Air France ne peut continuer ainsi à ignorer que pour toute entreprise d’envergure, la performance sociale est un préalable indispensable à la performance économique… et opérationnelle ».

L’Intersyndicale Air France « réaffirme avec force et détermination que les actuels dysfonctionnements quotidiens que subissent nos passagers, ainsi que les salariés de la compagnie, trouvent essentiellement racines dans les politiques passées et présentes de la Direction Générale. Qu’il est plus que temps qu’advienne un encadrement qui positionnera au cœur de ses ambitions le respect des salariés et de leur outil de travail par le biais d’une réelle justice sociale, condition indépassable pour retrouver rapidement une exploitation optimale au service de nos passagers ».

Transavia, la petite filiale rentable d’Air France-KLM qui rêve de grandir

Libération - 05/08/2018

La compagnie à coûts réduits du groupe franco-néerlandais dégage des bénéfices, mais son développement en France dépend d’un accord avec les pilotes de la maison mère.

Les bonnes nouvelles ne sont pas légion, par les temps qui courent, au sein du groupe Air France-KLM. Le transporteur n’a toujours pas trouvé de PDG, trois mois après la démission de Jean-Marc Janaillac qui officiait jusqu’au 4 mai. Une grève de quinze jours lui a coûté 350 millions d’euros pour le seul premier semestre 2018. Enfin, le conflit salarial à l’origine de ce mouvement social n’est toujours pas réglé. L’une des rares bonnes nouvelles, dans cet horizon plombé, est le résultat de la filiale low-cost Transavia : pas d’arrêts de travail qui s’annoncent comme chez Ryanair (lire ci-contre) et des performances économiques positives. Cette compagnie, qui opère à partir de la France et des Pays-Bas avec 73 Boeing 737, affiche au premier semestre 2018 des chiffres uniquement en progression. Le nombre de passagers transportés a augmenté de 7,4 % et le chiffre d’affaires de 13,7 %, pour atteindre 688 millions d’euros. Enfin, Transavia commence à afficher un bénéfice d’exploitation alors que la compagnie a, durant plusieurs années, enregistré des pertes, notamment à partir des vols au départ de la France.

Le transporteur low-cost fonctionne en effet de manière un peu singulière. Il y a, en réalité, non pas une mais deux compagnies Transavia. La première est d’essence néerlandaise, comme KLM. La seconde, au développement plus récent, est établie en France et fonctionne selon la législation nationale. Ses premiers gains s’expliquent par le fait que ses coûts de production sont moins élevés que sa grande cousine Air France. A bord, les hôtesses et stewards sont moins bien payés et volent plus longtemps chaque mois. En outre, comme la plupart des compagnies low-cost, Transavia commercialise ses billets uniquement en ligne, ce qui lui évite d’avoir à financer des points de vente en dur. Enfin, en région parisienne, la compagnie décolle uniquement à partir de l’aéroport d’Orly, moins éloigné que celui de Roissy, ce qui, ajouté à des prix très compétitifs, séduit bon nombre de voyageurs.

Forte de ses résultats encourageants, Transavia (et notamment sa partie française) risque d’être rapidement confronté à une crise de croissance. La demande en constante augmentation pour ce type de vols impose d’acquérir de nouveaux avions afin de proposer de nouvelles destinations ou d’augmenter les fréquences sur celles qui sont les plus demandées. En outre, les compagnies du même type, en Europe, affichent toutes des flottes de plus de 100 appareils. Mais il se trouve que les pilotes d’Air France ont un droit de regard sur le développement de Transavia France. En clair, leur accord est nécessaire dès lors que le cap de 40 avions sera franchi. Or, la compagnie en compte déjà 33 en France. Il faudra donc bientôt rouvrir des négociations à ce sujet. Jusqu’à présent, les pilotes d’Air France ont obtenu que les salaires pratiqués chez Transavia soient les mêmes que les leurs. Le futur PDG d’Air France-KLM qui, au nom de la compétitivité de Transavia, se risquerait à remettre en cause cette parité financière se heurterait à de sérieuses turbulences sociales.

Ce qui gênait l'Etat pour vendre sa participation dans Air France-KLM à AccorHotels

La Tribune - 05/08/2018

Outre sa volonté de trouver au préalable un nouveau patron à Air France-KLM, l'Etat était réticent à vendre sa participation dans le cadre d'un accord de gré à gré alors que le cours de Bourse du groupe aérien est au plus bas. D'autant plus que les synergies industrielles avec Accor ne lui apparaissaient pas évidentes pour le groupe aérien. L'immobilisme de l'Etat lié à l'affaire Benalla n'a pas arrangé les choses.

AccorHotels a renoncé fin juillet à son projet de racheter la participation que détient l'État dans Air France-KLM (14,3%) au motif, a-t-on dit à La Tribune dans le camp du groupe hôtelier, que l'État, ne lui avait pas montré, avant la publication de ses résultats semestriels le 26 juillet, sa volonté de réaliser cette opération pour laquelle il avait pourtant manifesté en coulisse son intérêt de principe, dès lors qu'elle s'articulait autour d'un projet industriel.

Toujours dans le camp d'Accor, l'immobilisme de l'État s'expliquait en partie par l'affaire Benalla, mais aussi par la différence de calendrier entre le groupe hôtelier et l'État, puisque ce dernier a toujours indiqué souhaiter qu'Air France-KLM trouve un nouveau patron avant de se pencher sur la cession de sa participation dans le groupe aérien. La nomination d'un nouveau patron pour Air France-KLM pour remplacer Jean-Marc Janaillac, démissionnaire le 15 mai à la suite de son référendum perdu sur la question salariale, n'est pas attendue avant fin août.

Prix trop bas de l'action Air France-KLM

Pour autant, du côté du gouvernement, il y a d'autres raisons. Selon nos informations, le ministère des Finances n'était pas très chaud pour mener une opération de gré à gré avec une capitalisation boursière d'Air France-KLM aussi basse (à peine plus de 3 milliards d'euros en juillet) et craignait de se voir reprocher de brader sa participation dans le capital de l'une des entreprises les plus emblématiques du pays. Avant la légère hausse du cours de l'action d'Air France-KLM enregistrée depuis la publication des résultats semestriels du groupe ce 1er août, l'action se situait autour de 7,30 euros en juillet, valorisant la participation de l'Etat à environ 450 millions d'euros seulement.

En outre, l'Agence des Participations de l'Etat (APE) avait du mal à évaluer les synergies industrielles entre Air France-KLM et Accor. Les premières conclusions rejoignaient celles de la direction d'Air France et d'un grand nombre d'observateurs affirmant que les avantages étaient plus évidents pour Accor que pour Air France-KLM.

L'Etat veut céder sa participation

L'échec d'un accord avec le groupe hôtelier français n'enlève rien au fait que l'État veuille vendre sa participation. C'est pour cela qu'il a engagé une banque-conseil (Nomura) et un cabinet d'avocats d'affaire (BDGS).

Mais, en l'absence de mesures structurelles pour améliorer la compétitivité du groupe, le cours de l'action ne risque pas de s'améliorer de manière significative de sitôt. Or, si une meilleure compétitivité d'Air France-KLM passe principalement par des mesures internes au groupe en général et à Air France en particulier, l'État a les moyens d'apporter sa pierre dans ce domaine en abaissant les charges qui pèsent sur le transport aérien français.

Ryanair en Allemagne : des négociations et une plainte

Air Journal - 16/08/2018

La compagnie aérienne low cost Ryanair a débuté les négociations avec le syndicat Ver.di sur une nouvelle convention collective pour quelque 1000 hôtesses de l’air et stewards basés en Allemagne – là ou une action en justice est lancée par Flightright au nom des passagers affectés par la grève des pilotes de vendredi dernier.

Reconnu officiellement le mois dernier par la spécialiste irlandaise du vol pas cher, le syndicat de PNC Verdi a annoncé le début des négociations le 15 aout 2018 à Dublin sur les conditions de travail et les salaires. Il cherchera à obtenir une « augmentation de salaire substantiel » pour le personnel de cabine, ainsi qu’une reconnaissance du droit allemand et le versement de cotisations sociales. Selon Christine Behle, membre du conseil d’administration de Verdi citée dans The Irish Examiner, certains PNC à temps plein reçoivent « un salaire brut d’environ 1000 euros par mois, en raison des déplacements saisonniers et du manque d’heures de vol garanties. C’est totalement inacceptable ».

Ce chiffre est contesté par Ryanair, selon qui « notre personnel de cabine gagne jusqu’à 40.000 euros par an et bénéficie d’excellentes conditions de travail, notamment plannings avantageux et une sécurité d’emploi inégalée ».

Si des progrès sont enregistrés en Allemagne pour les PNC, on rappellera qu’après une première grève de 4 heures en décembre dernier, le syndicat de pilotes Vereiningung Cockpit (VC) a mené vendredi dernier une grève de 24 heures dans le même pays entrainant l’annulation de 250 vols (et 150 autres en Belgique, Irlande et Suède où les pilotes avaient également lancé une grève, affectant au total 55.000 passagers). Une grève « injustifiée » selon Ryanair, qui a déclaré qu’aucune compensation ne sera versée. Ce que conteste Flightright, qui a déposé plainte à Francfort le 14 aout ; la société conteste la position de Ryanair selon laquelle une grève est une « circonstance exceptionnelle » justifiant le rejet des demandes d’indemnisation pour retards ou annulations de vols, arguant que la compagnie aérienne a « provoqué une telle grève depuis des années via le dumping des salaires et des tactiques salami dans les négociations avec les syndicats ». Flightright décrit la grève de vendredi comme une « conséquence logique des positions discutables de Ryanair vis-à-vis de son personnel ».

Ryanair au contraire affirme qu’en vertu de la directive européenne UE261, « aucune indemnisation n’est payable lorsque le syndicat agit de manière déraisonnable et totalement hors du contrôle de la compagnie aérienne ». Et ajoute que « si cela était sous notre contrôle, il n’y aurait pas d’annulations »… Aucune date n’est annoncée pour le jugement, qui fera probablement l’objet d’un recours en appel du perdant.

On retiendra aussi qu’en Irlande, où les pilotes ont déjà mené cinq jours de grève, la médiation lancée lundi pour tois jours va se poursuivre, après avoir été ajournée peu après minuit ; aux Pays-Bas en revanche, où vendredi était le premier jour de grève des pilotes, le président du syndicat VNV a souligné que la présentation des résultats du premier trimestre de Ryanair indiquait que « les grèves sont meilleures que concéder des coûts plus élevés ou une baisse de productivité » – tout en avouant que d’autres mouvements étaient attendus ce mois-ci et en septembre.

Ryanair et ses pilotes irlandais en médiation

Air Journal - 14/08/2018

Une médiation de trois jours a débuté entre la compagnie aérienne low cost Ryanair et le syndicat Forsa représentant ses pilotes basés en Irlande, qui a déjà mené cinq jours de grève entrainant l’annulation d’une centaine de vols entre l’Irlande et la Grande-Bretagne.

Demandée par le syndicat et acceptée le 5 aout 2018 par la spécialiste irlandaise du vol pas cher, la médiation menée par Kieran Mulvey, ancien membre de la Commission du travail et de la Commission des relations professionnelles, a débuté lundi pour trois jours – pendant lesquels aucune nouvelle grève ne sera annoncée. Le médiateur a demandé aux deux parties de ne pas communiquer pendant les négociations, mais le porte-parole de l’IALPA (intégré désormais dans Forsa) Bernard Harbour a déclaré dans The Independent être optimiste quant à la conclusion d’un accord. « Je serais surpris si une résolution était prise aujourd’hui, mais il pourrait bien y en avoir une d’ici deux ou trois jours », a-t-il déclaré, rappelant qu’il s’était écoulé 24 jours depuis la dernière rencontre entre la direction de Ryanair et le syndicat. « Kieran Mulvey est un homme très expérimenté, ce qui signifie que notre objectif de négocier un règlement est devenu plus probable », a-t-il ajouté, même s’il reste encore « un large fossé » entre les deux parties.

Pour M. Harbour, « l’inexpérience » de Ryanair dans la négociation avec les syndicats explique aussi la durée du conflit : « Cela fait seulement sept ou huit mois qu’ils ont décidé de traiter avec les syndicats, c’est pourquoi je pense qu’ils ont du mal avec le processus, mais ils viennent ici pour nous parler et cela ne peut être qu’une bonne chose ». Cela ne changera cependant pas la position du syndicat : si la compagnie aérienne « ne répond pas aux préoccupations des pilotes en matière de conditions de travail, de plus en plus de journées d’action syndicale restent possibles ».

De son côté, le directeur du marketing de Ryanair Kenny Jacobs a déclaré hier avant le début des discussions que le recours à la médiation était une conséquence de l’absence de résultats « d’une série de grèves injustifiées ». Et il espère que Forsa pourra ainsi « reprendre le contrôle de son rôle » dans les négociations, hors de l’ingérence « des pilotes non-Ryanair » (une allusion à ses accusations portées contre un pilote d’Aer Lingus).

Selon la low cost, deux réunions « de plus de 9 heures » lui avait permis fin juillet « d’accepter largement 9 des 11 problèmes liés à l’ancienneté » soulevés par le syndicat. Les grèves du 3 et 10 juillet avaient été justifiées par Forsa par la menace de Ryanair d’une réduction de voilure à Dublin, qui entrainerait le transfert vers la Pologne de 300 postes de pilotes et PNC.

Lufthansa Cargo et Brussels Airlines : les ventes débutent

Air Journal - 16/08/2018

La coopération annoncée entre le transporteur de fret Lufthansa Cargo et Brussels Airlines a débuté par le marketing, les réservations pour le transport de marchandise étant désormais possible sur des vols de la compagnie aérienne belge à compter du 1er septembre.

Comme annoncé en avril, la commercialisation des capacités de fret de Brussels Airlines (SN) par Lufthansa Cargo (autre filiale du groupe allemand) est sur les rails. Les réservations à l’avance pour les vols au départ du 1er septembre 2018 sont possibles maintenant ; comme d’habitude, la période de pré-réservation est de 30 jours maximum. Le fret ainsi réservé « vole sur des bulletins aériens de Lufthansa Cargo, reconnaissables à la séquence de numéros 020 ».

Les réseaux des deux compagnies de Star Alliance « se complètent parfaitement », souligne Lufthansa dans son communiqué. Grâce à cette nouvelle coopération, les clients de Brussels Airlines Cargo « ont facilement accès au réseau mondial de lignes aériennes de Lufthansa Cargo », avec environ 300 destinations dans plus de 100 pays. Pour les clients de Lufthansa Cargo, le réseau de routes sera complété par d’autres destinations attractives – « surtout en Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Centre », directement à partir de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem. Soit 15 nouvelles destinations africaines : Banjul (BJL, Gambie), Conakry (CKY, Guinée), Freetown (FNA, Sierra Leone), Monrovia (ROB, Libéria), Abidjan (ABJ, Côte d’Ivoire), Accra (ACC, Ghana), Ouagadougou (OUA, Burkina Faso) ), Lomé (LFW, Togo), Cotonou (COO, Bénin), Douala (DLA, Cameroun), Yaoundé (INS, Cameroun), Kinshasa (FIH, République démocratique du Congo), Entebbe (EBB, Ouganda), Kigali (KGL) , Rwanda) et Bujumbura (BJM, Burundi).

« Grâce à la coopération étroite entre Brussels Airlines et Lufthansa Cargo, nos clients bénéficient de nombreuses nouvelles connexions et destinations. Nous sommes très heureux que notre réseau mondial devienne encore plus complet et plus solide », déclare Dorothea von Boxberg, membre du directoire responsable des produits et des ventes chez Lufthansa Cargo. « Notre étroite collaboration avec Lufthansa Cargo se traduit par une situation gagnant-gagnant pour les entreprises et nos clients. En tant que spécialiste de l’Afrique, nous ajoutons de nouvelles destinations au portefeuille de Lufthansa Cargo et, du point de vue de Brussels Airlines, nous pouvons désormais utiliser encore mieux notre capacité de transport », ajoute Reinout Puissant, responsable de la plate-forme globale de Brussels Airlines Cargo.

Brussels Airlines est la cinquième compagnie aérienne de passagers dont les capacités de chargement sont mises sur le marché par Lufthansa Cargo, dont les clients ont déjà accès aux soutes des avions de Lufthansa donc, Austrian Airlines, Eurowings et SunExpress. Avec la commercialisation des capacités de fret de Brussels Airlines, les cales de 10 avions gros porteurs et 43 avions à fuselage étroit seront ajoutées aux capacités de Lufthansa Cargo, qui exploite 17 avions cargo et utilise les capacités d’Aerologic, une joint-venture entre Lufthansa Cargo et DHL Express.

Air Europa signe avec Thomas Cook

Air Journal - 13/08/2018

La compagnie aérienne Air Europa a signé un accord avec le groupe Thomas Cook, permettant à Thomas Cook Airlines en Grande Bretagne et Condor en Allemagne d’ajouter respectivement 12 et 14 routes à leur réseau.

Après avoir annoncé un partenariat avec Air France-KLM fin juillet, la compagnie privée espagnole a signé un accord interligne avec le tour-opérateur britannique : les passagers de ce dernier pourront voyager via les aéroports de Palma de Majorque, Ibiza et Las Palmas-Gran Canaria vers des destinations telles que Séville, Salamanque ou Saint-Jacques-de-Compostelle (cette dernière étant en outre une nouvelle destination). Pour Christoph Debus, directeur de Thomas Cook Group Airline, « nous avons avec Air Europa un partenaire solide qui nous permet d’offrir à nos clients de nouvelles destinations de vacances dans la péninsule. En outre, nos clients peuvent profiter de nouvelles liaisons aériennes entre les îles Baléares et les îles Canaries. Si, par exemple, un vol direct vers Lanzarote n’est plus disponible, la destination de vacances choisie peut toujours être réservée à l’heure souhaitée via un vol de correspondance au départ de Las Palmas ».

Les clients de Thomas Cook Airlines pourront ainsi accéder via Palma de Majorque à Oviedo-Asturias, Barcelone, Bilbao, Grenade, Madrid (également via Ibiza) Malaga, Saragosse, Valence et Valladolid – et donc Salamanque, Saint-Jacques de Compostelle et Séville. Au départ de l’Allemagne, les passagers de Condor auront accès aux mêmes destinations plus Alicante et Minorque, toujours via Palma de Majorque.

Ce partenariat via les Baléares rappelle le hub installé à Majorque par la défunte Air Berlin, mais alors plus orienté vers les voyageurs d’affaires. Air Europa, filiale due Globalia et membre de l’alliance SkyTeam, a un réseau dense en Espagne mais aussi en Amérique latine.

Fin de l'histoire pour Air Cemac

La Tribune - 09/08/2018

Les ministres de transport des pays membres de la communauté économique des Etats de l'Afrique centrale ont décidé de définitivement liquider la compagnie régionale Air Cemac. Les responsables gouvernementaux ont également décidé que les revenus de sa liquidation estimés à 7,569 milliards de francs CFA, soient transférés à la Banque centrale des Etats de l'Afrique centrale.

C'est la fin de l'histoire pour la Compagnie Air Cemac. Les ministres de transport des pays membres de la communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEMAC) ont définitivement tourné la page le week-end dernier en parachevant le processus de liquidation de la compagnie. Opération intervenant en application des décisions prises par les chefs d'Etat de la zone lors des conférences du 6 mai 2015 à Libreville au Gabon et du 31 octobre 2017 à Ndjamena au Tchad, elle a deux conséquences immédiates.

D'une part, l'abrogation de tous les textes communautaires relatifs à la compagnie et de l'autre, le transfert à la Banque centrale des Etats de l'Afrique centrale (BEAC), au guichet 1 du Fonds de développement communautaire, des 7,569 milliards de francs CFA qui constituent le produit de la liquidation.

Créée en 2001 par la volonté des chefs d'Etats dudit espace communautaire, la Compagnie Air Cemac avait vocation de desservir les capitales des six pays de la zone, mais aussi une vingtaine d'autres villes du continent avant d'explorer les lignes européennes. Malheureusement, le projet n'a jamais pu décoller. D'après les observateurs, cet échec est dû à plusieurs facteurs.

Des ambitions nationalistes et l'absence d'investisseurs

Air Cemac est restée « virtuelle », comme certains médias en Afrique centrale n'ont cessé de le répéter. Cette situation s'explique d'abord par l'absence des investisseurs dont la plupart se sont désisté au moment de s'engager à l'image de Royal Air Maroc, Brussels Airlines et South African Airways (qui voulait un hub à Douala). Ensuite, il y a aussi Air France-KLM, qui devait prendre 34% du capital et qui a renoncé n'ayant pas pu obtenir pour Air Cemac les monopoles qu'elle désirait sur certaines routes.

D'un autre côté, souligne-t-on, avec les multiples richesses minières dont ils disposent, les pays impliqués n'ont jamais caché leurs ambitions de développer leur propre compagnies nationales. C'est le cas du Cameroun qui se déploie à maintenir à flot, sa compagnie, la Camair, tout comme le Gabon qui est en discussion avec le groupe saoudien Nexus Aero International pour la création d'une compagnie aérienne nationale.

Communiqué de Presse de la CGT Air France « Le low-cost, un modèle voué à disparaître »

N° 32 - Roissy, 07/2018

 

« Le low-cost, un modèle voué à disparaître »

Qui pourrait croire hormis les plus orthodoxes des néo-capitalistes que le modèle low-cost peut avoir un avenir à long terme ?

 

Pour croire cela, il faut penser que les salarié(e)s peuvent accepter d’être mal payé(e)s, travailler plus que de raisons, être mal considéré(e)s et cela durant des années, sans rien dire !

Le low-cost a émergé dans les années 90 en raison du gel et de la stagnation des salaires et des pensions, opéré par le capital. Le modèle low-cost, qu’il soit de l’aérien, de l’alimentaire ou autre secteur, n’est qu’une réponse au besoin du capital pour maintenir un niveau de consommation des foyers.

Consommation essentielle pour alimenter le modèle économique de croissance inhérent au capitalisme.

Après la Suède, la Belgique et l’Irlande, ce sont les syndicats de pilotes allemands et néerlandais qui ont, le 10 août, rejoint le mouvement chez RYANAIR.

400 annulations de vols au programme : soit 55 000 passagers impactés par le dogmatisme de la direction du groupe qui s’attache exclusivement à tenter de délocaliser en Pologne plutôt que de répondre aux revendications des salarié(e)s qui luttent pour l’amélioration de leurs conditions de travail et de rémunération.

La bataille menée par les salarié(e)s de RYANAIR en 2017 pour la reconnaissance des syndicats dans l’entreprise leur ont permis de se défendre et commence à porter ses fruits.

Fin juillet, les personnels de RYANAIR ont mené un mouvement de grève en Espagne, Italie, Portugal et Belgique ayant entraîné l’annulation de 600 vols. L’objet de la grève était l’application de la législation et l’amélioration des conditions de travail.

Force est de constater, que le magna du low-cost M. O’Leary est un récidiviste de la violation des législations des différents pays et considère les salarié(e)s comme ses domestiques !

Il n’existe pas de conquête sociale sans liberté syndicale et les salarié(e)s de RYANAIR ont commencé depuis un an à poser les jalons de leurs futures conquêtes sociales.

Lorsque les travailleurs s’organisent et décident de lutter c’est le dumping social qui recule ! Les mouvements de luttes des salarié(e)s de RYANAIR sont profitables à toutes et tous au sein du secteur aérien et au-delà, car ils tirent vers le haut les conditions de travail et de rémunération, et mettent à mal la concurrence entre les uns et les autres.

Le Syndicat CGT Air France apporte son soutien aux salarié(e)s de RYANAIR et à celles et ceux, de par le monde, qui décident de prendre leur destin en main et de lutter pour leurs droits et pour de nouvelles conquêtes sociales.

Roissy, le 13 août 2018

Le Syndicat CGT Air France

Vincent SALLES - Co-Secrétaire Général du Syndicat CGT Air France : 06 13 36 43 51 ; Karine MONSEGU - Co-Secrétaire Générale du Syndicat CGT Air France : 06 86 80 20 23

Communiqué de Presse de FO Air France – L’Actu « Où, quand et avec qui? »

Bulletin d’information du Conseil d’Administration du groupe Air France

Didier Dague

août 2018

 

Où, quand et avec qui?

 

Résultats 1er semestre 2018: Vous constatez un décalage entre les résultats lus dans la presse et l’appréciation qui en est faite dans le Flash Actu? C’est normal. En effet, la presse ne mentionne que les résultats Air France-KLM. Quels sont donc les résultats du groupe Air France (Compagnie AF + filiales) ? Le résultat d’exploitation du 1er semestre 2018 s’établit à -164 m€ d’euros (en retrait de 350 millions d’euros sur 2017). Tous les autres indicateurs sont négatifs à part les sièges kilomètres offerts qui augmentent et la dette nette qui recule de 284 millions d’euros. Le chiffre d’affaire

Passage a baissé de 0,3 % avec une recette passage quasiment stable. Le coût unitaire par passager est en hausse de 3,2 % (hors change et fuel) en raison d’une activité inférieure aux prévisions. Se sont rajoutés les coûts des compensations clients et des affrètements. La facture carburant après couverture est restée stable. Au Passage on a pu constater une progression du trafic en fin de semestre. La recette unitaire y est quasiment stable. La contribution de 181 millions d’euros du Cargo aux résultats du groupe est en légère baisse mais la recette unitaire a progressé de 2,9%, prolongeant ainsi la tendance positive de 2017. Le résultat de l’activité Maintenance est de 43 millions d’euros sur le 1er semestre (en recul de 40 millions d’euros sur 2017). Pour Transavia France, recette unitaire, taux de remplissage, ventes annexes, tout va bien.

Quelles perspectives ? : 120 millions d’euros d’investissements seront en partie annulés ou reportés. Pour les 4 prochains mois les réservations Long-Courrier promettent des coefficients de remplissage supérieurs à l’an dernier. La recette unitaire Passage 2018 devrait progresser et la dette continuer à baisser. La Direction

maintient son objectif de marge à 6 % en 2023. En comparaison, Bristish Airways affiche 14,9 %, Lufthansa 9,8 % et KLM 11 %...

 

Les grèves du 1er semestre consécutives à la quasi absence de négociations salariales ont pesé sur les résultats du groupe Air France. C’est maintenant sur l’aspect opérationnel que le bât blesse avec plus de 250 vols Long-Courrier annulés à ce jour, avec des conséquences sur les clients et sur les salariés en termes de conditions de travail quand tout est déjà calculé au plus juste.

L’Etat a confirmé au CA Air France-KLM sa volonté de sortir du capital à condition que cela serve les intérêts industriels et commerciaux de l’entreprise. Il a engagé pour cela une banque conseil et un cabinet d’avocats d’affaires mais la faible valeur de l’action ne permet pas la réalisation de cette opération pour l’instant. Le groupe Accor, partenaire historique d’Air France-KLM, et en discussion permanente sur des sujets commerciaux et Flying Blue, s’est immédiatement porté candidat au rachat des parts de l’État. Son envie n’est pas nouvelle. Il aurait d’ailleurs plus à y gagner que le groupe AFKL. Il n’a pas véritablement posé de projet industriel sur la table mais a perturbé la recherche d’un nouveau Président. Il a renoncé pour l’heure à ses intentions compte tenu, entre autres, de l’émoi suscité par son projet.

Faute de plan de succession, qui existe dans beaucoup de grandes entreprises, le groupe AFKL fonctionne avec une Présidente intérimaire depuis 3 mois. L’urgence reste de trouver un(e) successeur(e) à Jean Marc Janaillac. Les critères de départ : candidat venant de l'aérien, de préférence français, ayant une expertise internationale forte, présentant des qualités de manager dans un cadre de gouvernance dissociée entre Air France-KLM et ses filiales avec une rémunération identique à celle de Jean Marc Janaillac. Cela a conduit à écarter les profils internationaux et les français qui sont tous passés un jour ou l’autre par Air France. Faute de consensus c’est désormais une orientation aérien et international tenant compte notamment du poids du groupe, de l'expérience nécessaire et de l'environnement complexe qui est recherchée. Les conditions de rémunération attendues par des candidats étrangers n’étant pas comparables, cela a conduit à réévaluer la rémunération proposée (qui ne nous a pas été communiquée). Anne-Marie Couderc à souligné la vigilance du Comité de nomination d’Air France-KLM sur le fait que l’équilibre France Pays-Bas soit préservé et la nécessité d’absence de prééminence entre les deux. « La démarche de recrutement se poursuit plus favorablement. Les auditions vont bientôt se terminer. On sera dans de bonnes conditions pour la rentrée » a-t-elle déclaré.

Le feuilleton médiatique entretenu cet été à coup de rumeurs diverses dans la presse sur le profil idéal du futur président ou du futur actionnaire ont nui à l’image d’Air France qui est apparue comme fragile et ballottée entre des intérêts contradictoires. Cela a pu déstabiliser et inquiéter les salariés. Il ne faudrait pas que l’intérêt national s’efface au profit de partenaires d’AFKL qui forts de leur situation économique ou du soutien de leurs états ne visent à prendre en main le destin d’Air France à leur profit. Ironie du sort, Jean-Marc Janaillac déclarait le 15 mai dernier lors de son ultime Assemblée Générale « Air France n’a pas les moyens de perdre plus de temps ». En effet, solder la question salariale, rétablir la confiance et incarner une vision pour le groupe sont autant de passages obligés et urgents. Il faudra ensuite mettre en place un plan de succession pour éviter de se retrouver à nouveau en situation de psychodrame lors d’un prochain départ de Président.

 

Bonnes vacances à ceux qui partent et bon courage à ceux qui reprennent le travail, avec une pensée particulière pour celles et ceux qui de gré ou de force font passer l’activité en cet été troublé par une performance opérationnelle très dégradée!

 

Didier Dague, votre administrateur au Conseil d’Administration Air France.

didague@airfrance.fr ou didierdague@sgfoaf.fr - 06 26 15 25 03

Communiqué de Presse du SNPL Air France ALPA « Future gouvernance d’Air France KLM : Le SNPL Air France en appelle à un traitement impartial des candidatures »

Future gouvernance d’Air France KLM : Le SNPL Air France en appelle à un traitement impartial des candidatures

Roissy, le 8 août 2018

Il y a quelques semaines, alors que la presse faisait état de la candidature de Philippe Capron à la reprise du poste de Jean-Marc Janaillac, dans une lettre ouverte qui n’émanait pas du SNPL, d’aucuns enjoignaient le président Macron de ne pas se mêler du processus de sélection du futur patron d’Air France KLM. Comme argument : le fait que l’Etat n’aurait aucune compétence dans cet exercice, qu’il se montrerait incapable de pousser un candidat non issu de ses rangs et qu’ainsi, l'exécutif de l’entreprise était plus légitime dans cet exercice.

Aujourd’hui, alors que le processus de sélection avance, on comprend que ce point de vue sans nuance atteint ses limites.

La principale faiblesse de notre entreprise réside dans son incapacité à se renouveler de l’intérieur. Gangréné par les logiques de réseaux, l’organigramme souffre d’une incapacité chronique à accueillir de nouvelles têtes et donc, à déployer de nouvelles stratégies.

C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on puisse formuler à l’encontre du président sortant. Alors que l’ensemble des pilotes nourrissait l’espoir que son arrivée provoquerait une cascade de renouvellement dans le Comité exécutif, c’est l’inverse qui s’est produit.

Ainsi, après la signature de l’accord Trust Together Pilote et la création de JOON, au lieu d’assister à un mouvement de réforme, nous sommes restés médusés devant le départ de Jérôme Nanty, Secrétaire général d’AF-KLM en charge de la Transformation, principal artisan de cet accord, ainsi que par le retour en force de ceux qui ont montré tant de fois leurs limites dans la gestion de l’entreprise.

Aujourd’hui, alors qu’il s’agit de trouver la personne qui conduira notre avenir, ce sont encore messieurs Frédéric Gagey, Franck Terner, Gilles Gateau ainsi qu’une une grande partie du Conseil d’administration et du Comité exécutif qui sont à la manœuvre dans l’unique but de sauver leur poste.

Dans un contexte où la partie française du Groupe se montre très affaiblie par l'échec de son dialogue avec le corps social, Américains et Néerlandais se retrouvent en position de force au sein du Conseil d'administration. L’hypothèse d’un patron Nord-américain commence même à prendre corps... En corollaire,  son accession à la tête de l’entreprise serait facilitée par la promesse du maintien en place de la “vieille garde française”.

Air France mérite mieux que cette tambouille mijotée par un comité de nomination dont l’unique objectif est de se préserver. Les changements en profondeur qui lui sont indispensables nécessitent une impulsion. Celle-ci ne pourra venir de l’intérieur.

Si le Président Macron doit être interpellé, ce n’est donc pas pour lui dire de regarder ailleurs…

Au contraire il doit sommer le Conseil d’administration de faire un travail impartial, de reconsidérer l’ensemble des candidatures à la vue des éléments nouveaux, comme par exemple l’augmentation du niveau de rémunération du futur dirigeant.

Il y a parmi ces candidats des profils qui correspondent aux besoins vitaux de l’entreprise.

Il y a deux ans, lors du départ d’Alexandre de Juniac, nous avons raté l’occasion de trouver la personne idéale. Ne la manquons pas une deuxième fois. Air France pourrait, cette fois-ci, ne pas s’en remettre.

Pour plus d’informations, nous vous invitons à contacter :

Philippe Evain, Président du Bureau SNPL Air France - 06 95 68 65 03

Communiqué de Presse de l’intersyndicale Air France « La Direction Générale à la dérive ! »

Roissy, le 6 août 2018

 

La Direction Générale à la dérive ! »

 

Depuis quelques jours, faisant suite aux résultats du premier semestre 2018 d’AFKLM, largement salués par les places financières, M. Franck TERNER, actuel Directeur Général d’Air France, se répand dans les médias pour tenter de justifier l’inqualifiable cascade d’annulation des vols cet été (240 vols annulés depuis le début de la période estivale en attendant le bilan définitif de la saison !). Son discours totalement indigne d’un dirigeant consiste à faire porter la responsabilité de ses erreurs sur ses salarié(e)s, quand n’importe quel autre manager en aurait depuis longtemps tiré à titre personnel la seule conclusion qui s’impose.

Cette posture totalement mensongère vient, une fois de plus, souligner l’incompétence d’une direction générale qui ne comprend pas les problématiques d’une compagnie aérienne et qui est incapable d’anticiper ses besoins. Si l’annulation de ces très nombreux vols a des origines multiples, la part la plus importante revient aux conséquences des projets d'entreprise fondés uniquement sur la baisse de tous les coûts, y compris les investissements les plus vitaux pour le fonctionnement opérationnel de l’entreprise, et les purges dans les effectifs que les dernières Directions successives imposent depuis des années.

Cette politique à courte vue sans grande imagination ni ambition est responsable des carences répétées dans la formation et le recrutement des personnels, engendrant un sous-effectif de pilotes, mais aussi d’hôtesses et stewards, et de personnels sol notamment sur notre HUB de Roissy. Il faut également souligner les difficultés récurrentes de maintenance des avions liées à une sous-traitance d’une qualité plus qu’« approximative », mais pourtant poussée au paroxysme.

Ces dysfonctionnements portent la marque d’une politique sociale et industrielle basée sur des préoccupations financières court-termistes et ridicules, où le mépris des salarié(e)s reste un dogme premier.

Comment enfin juger autrement que très sévèrement l’inconscience d’un Directeur Général, symptomatique de celle régnant au plus haut niveau de la holding AFKLM, qui déplore les conséquences d’un conflit social qu’il a créé et attisé lui-même. Sans parler de son incapacité à mettre un terme à ce même conflit en bonne intelligence.

Cette fuite en avant constante et consternante depuis plusieurs mois de notre Direction Générale, et en particulier de M. Franck TERNER, doit cesser au plus vite. Le Conseil d’Administration d’Air France ne peut continuer ainsi à ignorer que pour toute entreprise d’envergure, la performance sociale est un préalable indispensable à la performance économique… et opérationnelle.

 

L’Intersyndicale Air France réaffirme avec force et détermination que les actuels dysfonctionnements quotidiens que subissent nos passagers, ainsi que les salariés de la compagnie, trouvent essentiellement racines dans les politiques passées et présentes de la Direction Générale. Qu’il est plus que temps qu’advienne un encadrement qui positionnera au coeur de ses ambitions le respect des salariés et de leur outil de travail par le biais d’une réelle justice sociale, condition indépassable pour retrouver rapidement une exploitation optimale au service de nos passagers.

 

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